UN MOMENT SPECIAL.....
La salle est comble; le maître de cérémonie m'annonce; je tremble de tous mes membres. Au bord des larmes j'entre en scène sous les applaudissements du public. Je cherche du regard un visage familier et repère ceux de mes enfants tous assis en première loge. Nathalie me sourit et je lui rends son sourire. Je prends ma guitar, la caresse doucement juste pour etablir le contact et sentir sa chaleur puis je me lance dans une interprêtation de la chanson d'Anne Murray:
"When you are down and troubled
And you need some love and care
And nothing, nothing is going right
Close your eyes and think of me
Soon I will be there
To brighten up even your darkest night"
Je joue avec aisance oubliant complètement ma difficulté à bien executer les accords barrés. Entre ma guitar et moi la symbiose est parfaite, ma voix s'élève, claire, tendre et nette, sans lutte, mon diaphragme completement coopératif. A la fin du morceau, le public chante avec moi les dernieres notes " You have a friend ". je suis tout à fait pleine de confiance en moi-même et sans attendre le maitre de cérémonie j'annonce moi meme la prochaine chanson : Viejo de Jean Claude Martino interpreté par Emmeline Michel aussi. L'accompagnement est compliqué mais mes mains impatientes entament bien vite en la mineur. Je ne suis plus moi-meme , je m'entends chanter , je me vois jouer. Mon auriculaire habituellement rebelle lors de ce passage special en solo accentuant le message du viejo sur le montant de l'argent qu'il veut envoyer à sa femme " Se yon diez pesos", cet auriculaire s'exécute avec grâce et dextérité. A la dernière partie du morceau , je crois entendre mon professeur de musique me dire Lunise l'index et l'auriculaire vont sauter tour a tour et ta voix va entrainer ton public qui est deja avec toi. J'aborde ce passage dangereux avec fermeté; je vois mon public se lever et je l'entends d'une seule voix cadencer le plaidoyer de la femme du viejo:
" Kouzen wa pot manchet pou koupe bayawonn woy".
"Kouzen wa pot manchè pou koupe move zèb woy"
Wa pote manchet, wa pote manchet....Woy kouzen....
Je ne suis plus une chanteuse, je suis une guitariste, heureuse de reprendre son rêve. Le public applaudit sans arrêt et commande une autre chanson. Sans trop fouiller dans ma mémoire, une qui a le don de toujours m'arracher une larme s'impose à moi: Souvent, Longtemps, Enormément de Diane Tell; cette chanson sort de mes tripes et mes doigts obéissent à une commande. C'est fou de chanter avec toute cette belle assistance le refrain de la chanson sans cette fois-ci aucune note de tristesse:
" Moi j'ai aimé plus souvent,
Aimé longtemps puis énormément
Mais je les ai tous perdus
Car comment aimer je n'ai jamais su."
En guise d'applaudissement, j'entends soudain une publicité de Tonton Bicha... ....J'ouvre les yeux et me retrouve au beau milieu de mon lit.
Nullement déçue j'entame ma journee, en chantant, convaincue que mon histoire d'amour avec la musique ne fait que commencer.
Lunise Jules
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